Selon des estimations, la langue française compterait entre 60 000 et 100 000 mots de vocabulaire.
Difficile de déterminer le nombre exact. Étant une langue vivante, le français reste en constante évolution. Chaque année, elle s’enrichit d’une kyrielle de néologismes et de mots empruntés d’autres langues ou de l’argot.
En outre, une grande partie de ces mots appartiennent au jargon technique d’une science, d’un sport ou d’une profession. D’autres encore sont antédiluviens, et les utiliser hors d’un contexte précis – comme dans un dialogue se déroulant il y a plusieurs siècles – serait maladroit et pédant.
Autrement dit, c’est presque impossible, et encore moins utile, d’en connaître ne serait-ce que la moitié !
D’ailleurs, un français moyen n’en connaîtrait qu’entre 3000 et 3500 seulement…
Plus votre vocabulaire est riche, plus vous êtes à même de faire des descriptions précises, dans un style clair, bref et simple à lire.
Wiliam Zinsser, un de mes mentors, conseillait de ne pas utiliser un verbe accompagné d’un adverbe ou d’un adjectif, quand un autre verbe pouvait résumer la même pensée à lui seul.
Par exemple, il vaut mieux écrire « il me toisa » que « Il me regarda avec mépris. »
⇒ 3 mots au lieu de 5.
Ce n’est que l’économie de deux mots dans une phrase courte ; mais imaginez le gain en fluidité (sans perdre en clarté) en appliquant cette règle sur une phrase ou un paragraphe long. Encore faut-il connaître ces verbes…
Par extension, cette règle s’applique aussi aux noms.
Le mot bruine remplace une petite pluie très fine ; il raccourcit la description, et la retranscrit avec une meilleure précision.
Ainsi, dans son parcours d’écrivain, amateur ou non, la démarche de retenir un plus grand nombre possible de mots utiles, pour de les réutiliser, permet de mieux écrire.
Plus vous connaissez de mots et mieux c’est ! Mieux vaut connaître des mots qui résument bien sa pensée, que d’avoir à la compléter par d’autres – des adverbes ou des adjectifs.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’en abuser non plus !
Suivant l’audience que vous visez, préférer des mots soutenus peut même être contre-productif…
Si vous écrivez des articles pour des ados sur internet, ne vous attendez pas à ce qu’ils fassent l’effort de regarder dans le dictionnaire toutes les 2 minutes pour savoir ce que signifie tel ou tel mot. Ils vont simplement se désintéresser de vos articles, parce que c’est du charabia pour eux.
Il faut prendre en compte ceux pour QUI vous écrivez.
Mais c’est mieux d’avoir un maximum de mots en sa connaissance ; ne serait-ce que pour avoir le choix de les utiliser.
Découvrir des mots et les retenir
Enrichir mon vocabulaire est plus qu’une option, c’est une mission.
On dit que le meilleur moyen d’élargir son vocabulaire est de lire.
C’est en partie vrai…
Mais si, en lisant, vous vous contentez de vérifier furtivement la définition des mots sans chercher à les retenir, ce sera peu efficace.
D’abord, vous devez avoir soif de nouveaux mots ! Avoir envie d’élargir votre vocabulaire. C’est le prérequis sans lequel lire aura peu d’effectivité.
Ensuite, vous devez intégrer ces nouveaux mots, avec leur définition, dans votre mémoire.
Si cela était faisable juste en les lisant une fois, ce serait génial… Mais, croyez-moi, ça n’arrive (presque) jamais !
La mémoire est capricieuse (la mienne l’est tout du moins.)
Le plus souvent, il faut revoir le mot et sa définition plusieurs fois avant de l’assimiler et de pouvoir le réutiliser spontanément quand on écrit.
Donc, voilà ce que je fais :
>1) Dès que je lis ou entends un nouveau mot de vocabulaire, je le note quelque part.
Le plus souvent sur mon Smartphone ou un petit calepin.
Si je n’ai pas de dictionnaire à portée de main, j’attends d’être chez moi pour vérifier sa définition.
>2) Je sais que je n’aurai jamais le temps de retenir chaque mot de la langue française, alors si le mot me semble « utile » à retenir – c’est-à-dire que j’aie de grandes chances de pouvoir le réutiliser plus tard, à l’écrit ou à l’oral, – je le recopie sur une fiche avec sa (ou ses) définition(s).
>3) Une fois la fiche remplie de mots avec leurs définitions, je la scotche sur un mur de mon bureau réservé à cet usage, mon « mur de vocabulaire », bien en évidence, avec les autres fiches déjà remplies, pour les relire plusieurs fois journellement.
Cette technique m’a était inspirée par le roman de Jack London, Martin Eden, qui relate le parcours d’un marin qui devient écrivain autodidacte.
Ok, c’est une décoration qui paraîtra très originale pour vos invités. Vous y gagnerez peut-être quelques questions et des moqueries amicales. Mais mettez votre ego de côté et n’ayez pas peur de leur jugement. Beaucoup trouveront cette démarche plutôt cool au final.
>4) Dernière étape (la plus dure et la plus importante) : prenez le réflexe de réviser vos fiches au moins une à deux fois par jour.
Avec la répétition quotidienne, vous finirez par intégrer TOUS les mots inscrit sur votre mur ! Croyez-moi, le cerveau retient très bien les informations auxquelles il est exposé régulièrement.
La difficulté ici, c’est que vous risquez de laisser tomber ces révisions par indolence, comme certains laissent leur nouvel accessoire de musculation dans leur placard après l’avoir utilisé quelques fois. C’est l’erreur à éviter !
J’en sais quelque-chose : après avoir commencé à remplir mon mur de fiches, j’ai complètement cessé de les consulter !
J’ai finalement trouvé la bonne astuce pour prendre l’habitude de les relire deux fois par jour.
Plutôt que d’essayer d’intégrer cette révision comme une habitude indépendante, associez-la à une autre habitude déjà en place !
Par exemple : chaque matin, je prenais tranquillement mon café en me faisant quelques pas dans mon bureau, histoire de sortir de mon sommeil avant de me mettre au travail.
Alors plutôt que de boire oisivement mon café, j’ai commencé à lire mes fiches en même temps.
Maintenant, chaque matin quand je me sers le café, je vais vers mon mur de vocabulaire pour le boire en consultant mes fiches. Et je réitère la même chose le soir en me brossant les dents.
Ensuite, il ne restera plus qu’à remplacer les fiches de vocabulaire que vous connaissez par cœur par des nouvelles !
Notez aussi que vous pouvez faire exactement la même chose avec des règles de grammaire, le vocabulaire d’autres langues, ou toutes autres informations que vous voulez retenir.
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Bonjour, merci infiniment pour l’article !
Pour ma part, je lis régulièrement des livres de sujets divers, en lisant je note le plus souvent des expressions prêtes à utiliser, dans un cahier consacré à cet effet.
À propos la révision, je la réserve le temps avant de s’endormir !
Je t’en prie Mohamed 😉
Oui, à chacun sa formule !
J’aime bien avoir les mots et leur(s) définition(s) placardés sur le mur et les regarder au réveil. Mais l’important c’est le désir d’enrichir son vocabulaire, et d’avoir un méthodologie pour le faire.
Bonjour
Super article!
Cependant : « vous devez intégrer -ses- nouveaux mots »
-ces- serait plus adapté non ?
Bien vu Dany !
C’est la raison pour laquelle il faut toujours avoir un relecteur. C’est très, très difficile de repérer toutes les coquilles dans ses propres textes (et crois-moi, on en fait tous des tas lors de la première mouture).