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Le syndrome de la page blanche n’existe pas !

Le syndrome de la page blanche est un mythe !

C’est très facile d’éradiquer la panne d’inspiration ; il suffit de travailler plus intelligemment. Parce qu’en réalité, elle est souvent la conséquence de mauvais choix.

Vous avez des difficultés à écrire principalement (sinon seulement) à cause de 4 raisons :

  • Vous vous sentez fatigués (mentalement) ;
  • L’environnement dans lequel vous êtes ne vous permet pas de bien vous concentrer ;
  • Vous ne savez pas quoi écrire – à cause du manque de préparation ;
  • Vous ne savez pas comment écrire – quel ton/quelle voix utilisé(e).

À titre personnel, lorsque je n’arrive pas à écrire, c’est toujours à cause de l’une ces raisons-là. Même l’anxiété ; même le stress ; même les problèmes personnels… n’ont pas vraiment d’incidence sur ma productivité. Tant que je m’assois devant un clavier sans l’une de ces difficultés, j’écris.

Je ne dis pas que ça vient toujours spontanément, sans aucun effort, ni que c’est toujours excellent. Loin de là ! Mais, au moins, j’arrive toujours à rédiger un premier jet – que je peux peaufiner plus tard.

Raison #1 : La fatigue mentale

C’est lorsque vous vous sentez épuisé, apathique, incapable du moindre effort intellectuel.

Cela peut être parce que vous écrivez au mauvais moment de la journée (nous fonctionnons par cycle !) ou, plus grave, à cause d’une mauvaise hygiène de vie.

Si vous passez beaucoup de temps à écrire, c’est probablement la pire difficulté contre laquelle vous luttez. C’est en tout cas celle à laquelle je me suis longtemps heurté.

Ne luttez pas !

Le conseil suivant va vous sembler contre-intuitif…

Ne luttez pas contre la fatigue !

Faites un break, une sieste, de la méditation, une petite balade ou un brin de ménage. Mais ne restez pas comme un zombie devant votre écran à espérer que ça passe.

Si vous ne décrochez pas, ça ne passera pas !

Avant, quand j’étais fatigué, je ne voulais jamais renoncer. Une longue pause pour me ressourcer m’aurait fait du bien, mais malgré la fatigue j’avais cette volonté d’écrire qui me collait à mon siège de bureau. Cet entêtement était stérile, inefficace, contre-productif. J’ai perdu beaucoup de temps ainsi. Ne faites pas la même erreur.

Le meilleur réflexe, lorsque l’on se sent trop fatigué pour écrire, c’est d’aller se reposer. Faire quelque chose à la place, n’importe quoi !, qui ne demande aucun effort mental, jusqu’à retrouver un état interne propice.

Retenez : faire de longues pauses permet de vous « recharger », tandis que se forcer à continuer entretient l’atonie.

Reconnaître ses « temps forts »

Nous fonctionnons par « cycles. » C’est une chose que j’ai mis beaucoup de temps (trop) à comprendre, mais qui est pourtant fondamentale.  Au cours de la journée, nous allons nous sentir énergiques et inspirés à certains moments, et fatigués à d’autres.

La créativité respecte la loi des 80/20 de Pareto. Autrement dit, c’est durant 20% de notre temps seulement que nous produirons 80% de notre travail créatif. C’est pourquoi il faut bien choisir les heures auxquelles on écrit !

Un écrivain, pour être productif, doit connaître ses « temps forts.» Il doit savoir à quels instants de la journée il se sent dans les meilleures conditions pour travailler.

Pour moi, c’est le matin, juste après le réveil, et le soir après minuit. À ces deux moments de la journée, j’arrive à écrire plus facilement. Écrire en plein après-midi, en revanche, est souvent plus laborieux. Savoir cela me permet de m’organiser avec stratégie ; en planifiant mes sessions d’écriture aux bonnes heures.

Je peux me réveiller très tôt le matin et faire 4 bonnes heures d’écriture intensives, afin de remplir les 2/3 de mon quota de mots. Ainsi, je peux tranquillement continuer l’après-midi, sans pression. Ou, je peux travailler le soir, après minuit, et passer ma nuit à écrire. Ou encore, faire deux grandes sessions, le matin et le soir.

Si vous avez des difficultés à écrire à cause d’un manque d’énergie, commencez par repérer à quels moments de la journée vous arrivez le mieux à écrire, et organisez vos sessions à ces moments-là.

Fatigué TROP souvent ?

Il est tout à fait normal d’avoir quelques coups de mous au cours de la journée. Dans ce cas, faire une pause et consacrer du temps à autre chose est une excellente idée. Planifier le gros du boulot pour ses temps forts aussi.

Mais il y a une faille à ces solutions : quand on se sent fatigué toute la journée, ou presque, au point d’être parfaitement improductif.

Vous ne pouvez pas attendre que la journée passe en paressant… Et vous n’arrivez pas à écrire non plus, malgré toute votre bonne volonté.

On connaît tous le dicton : « quand on veut on peut ». Mais il n’y a rien de plus faux. On ne PEUT pas toujours, même quand on le VEUT (sinon, l’homme n’aurait jamais inventé le viagra !)

Il y a toujours les « neurodrogues. » La modafinil, notamment (un médicament contre la narcolepsie), est populaire chez les étudiants et les entrepreneurs. Ces substances peuvent vous donner un sacré booste. Mais je ne suis pas pour cette solution. Je pense qu’il vaut mieux régler la cause d’un problème, et non pas agir sur le symptôme. Sinon, on n’en aurait pas fini de prendre médoc sur médoc.

Si vous êtes anormalement fatigué à longueur de journée, prenez du recul et analysez votre façon de vire.

Est-ce que votre style de vie est sain ?

Est-ce que vous mangez correctement ?

Est-ce que vous dormez correctement ?

Est-ce que vous faites de l’activité physique régulièrement ?

Est-ce que vous prenez un peu le soleil, au moins de temps en temps ?

Le principe est le suivant : si vous vivez mal, vous vous sentez mal. Améliorer votre hygiène de vie peut, après quelques semaines, faire une nette différence – pour votre énergie, créativité, et votre état d’esprit.

Rien que quelques petites réformes alimentaires peuvent avoir un impact positif sur votre productivité !

À retenir : si vous planifiez vos sessions d’écriture aux bons moments, et que vous entretenez une bonne hygiène de vie, alors vous NE CONNAÎTREZ PAS le syndrome de la page blanche à cause d’un manque d’énergie. Vous en aurez toujours assez quand il le faudra !


Raison #2 : Mauvais environnement

Rares sont ceux qui parviennent à bien écrire dans n’importe quel contexte. Et, à mon plus grand regret, je n’en fais pas partie. J’ai besoin de calme et d’isolement, sinon je n’arrive pas à me concentrer correctement (à une exception près, car j’arrive à travailler dans les cafés, à condition d’être seul.)

Mettez-moi dans une pièce pleine de gens que je connais, qui font du bruit, gesticules autour de moi, et m’interrompent toutes les 20 minutes… et ça devient un enfer d’écrire !  J’ai vraiment besoin d’être isolé dans ma bulle, ne pas être déconcentré, et ne pas avoir peur d’être dérangé.

Les écrivains et blogueurs sont pareils. Nous avons tous besoin d’être dans un environnement spécifique, qui permet d’éveiller notre créativité. Cela varie largement en fonction de chacun :

  • Certains ne peuvent pas écrire en dehors de chez eux, sans un fond musical et une quantité immensurable de café.
  • D’autres ont besoin d’être à l’extérieur de chez eux, dans un bureau, un parc, ou un bistro.
  • Il y en a même qui ont besoin de se déconnecter complètement du monde, se retirer à la campagne, sans internet ni téléphone portable.

La bonne nouvelle, c’est que si vous manquez d’inspiration à cause de l’environnement, il est facile de régler le problème. Il suffit de programmer vos sessions dans des endroits et des conditions qui vous permettent de bien travailler.

Exemple : je prends, au moment même où j’écris ces mots, quelques jours de « vacances » dans un gîte avec 7 membres de ma famille (dont 4 enfants bruyants et hyper actifs). Si j’écrivais dans la matinée comme d’habitude, je serais trop souvent déconcentré. Ma productivité en prendrait un sacré coup, et je me sentirais sans doute un peu frustré et agacé – ce qui n’aiderait pas à me reconcentrer.

Alors, j’écris la nuit ! Quand tout le monde est couché. Cela me permet de me sentir isolé – dans ma bulle. Et j’arrive à atteindre mon quota de mots en quelques heures.

Mon conseil : adaptez vos sessions de sorte à ce que (1) cela coïncide avec un temps fort de la journée pour écrire, et (2) que vous soyez dans des conditions idoines – isolé, capable d’atteindre le niveau de concentration requis pour bien écrire.

Raison #3 – Vous ne savez pas quoi écrire…

Il arrive que l’on ressente une sorte d’anxiété de la performance en écrivant, qui installe le doute en nous.

J’ai souvent eu à faire à ce problème pendant mes débuts, en partie à cause de la peur du jugement, du manque de confiance et d’expérience.

En bref, on se met une énorme pression pour plaire aux lecteurs. Donc, notre perfectionnisme fait surface, plus tyrannique que jamais ! Et, chaque phrase qui nous vient en tête nous semble trop fade, trop minable, trop maladroite, pour être couchée sur le papier.

C’est la même sensation qu’on retrouve lorsqu’on veut initier la conversation avec une personne qui nous plaît, mais qu’on hésite à aller voir par peur de faire mauvaise impression (ou peut-être est-ce l’inverse : parce qu’on a trop envie de faire bonne impression !)

  • On pourrait sortir une excuse… Vous avez l’heure ? ou Vous sauriez où se trouve la rue X ? Mais, comment entamer la discussion après ?
  • On pourrait faire une plaisanterie, ou une remarque. Mais elle pourrait vous trouver maladroit ou étrange.
  • On pourrait lui dire Bonjour ! et lui avouer qu’on aimerait la rencontre… Mais ce serait trop simple ! Trop direct !

Quand on manque d’expérience, de confiance, qu’on sort de sa zone de confort pour écrire à un lectorat différent, on tergiverse exactement la même façon.

On doute de son style ; on hésite sur le ton à employer ; on a peur de paraître trop vulgaire, trop simpliste, trop pédant.

On commence à écrire une phrase ou deux, puis on se dit que c’est vraiment trop nul, et revient en arrière. On efface tout. On recommence, encore et encore, en espérant trouver une manière parfaite d’introduire le sujet.

Finalement, on se retrouve avec une page blanche. Pas parce qu’on n’avait rien à dire. Parce qu’on avait l’impression de ne pas savoir comment le dire.

Dieu merci, avec la pratique le problème se règle de lui-même.

  • Avec la pratique, on finit par trouver son propre style, sa propre voix, et à l’affirmer, que ça plaise aux lecteurs… ou pas ! On ne peut pas plaire à tout le monde de toute façon.
  • Avec la pratique, on sort de sa zone de confort. Exposer son travail aux yeux d’une audience est, au fur et à mesure, moins perçu comme une prise de risque. La peur d’être jugé disparaît.
  • Avec la pratique, on apprend à connaître son audience cible ; celle à qui l’on peut plaire, et à qui l’on veut plaire. Quand on connaît ses lecteurs, que ce soit en réalité ou en esprit (on peut avoir une image très claire du genre de personne qui nous lit), on sait sans hésiter comment lui parler par écrit. Cela nous décharge d’une sacrée pression !

Pas d’expérience ni d’audience cible

Si vous avez peu d’expérience et ignorez encore votre audience cible, oubliez la forme et concentrez-vous sur le fond seulement.

Faites le boulot basique qui consiste à partager les infos et les conseils dont le lecteur à besoin. Tant pis si c’est un peu maladroit. Tant pis si la forme est très moyenne. De toute façon, vous pourrez peaufiner le plus tard, quand vous éditerez votre travail.

Vouloir être bon sur le fond et la forme en même temps, c’est trop de pression pour un débutant. La pression paralyse et annihile la créativité. Si vous n’êtes pas encore à l’aise pour écrire, vous devriez vous concentrer uniquement sur le premier élément.

Celui qui maîtrise son sujet ne doute jamais du fond ; il a seulement peur que la forme soit mal appréciée. Si vous oubliez la forme, au moins pour le premier jet, la peur va se dissiper. Ensuite, vous pourrez éditer jusqu’à ce que la forme soit satisfaisante. Vous pourrez même vous faire relire par deux ou trois amis de confiance, pour qu’ils vous disent ce qu’il faut améliorer.

Surtout, dites-vous que :

(a) Les lecteurs veulent d’abord des informations de qualités : qui les inspirent, leur permet de penser et percevoir quelque chose plus positivement, les motives à passer à l’action, les conseils. La forme est secondaire (en tout cas pour la non-fiction.

(b) Ce que vous écrivez ne se grave pas dans du marbre ! Chaque phrase que vous écrivez peut être modifiée, supprimée ou réécrite plus tard.

(c) Le plus souvent, vous perdez plus de temps à attendre les phrases parfaites qu’à faire un premier jet (aussi nul soit-il) : même si les 90% du texte que vous écrivez en une demi-heure est à mettre à la poubelle, vous aurez un minimum de matière – quelques idées, ou exemples, ou phrases, ou paragraphes, à conserver. Vous pourrez faire une nouvelle version à partir de cette base. Tandis que, si vous passez cette demi-heure à trouver LA bonne intro et ne rien écrire, tout ce temps sera perdu.

Conclusion : le syndrome de la page blanche n’existe pas !

Le syndrome de la page blanche n’existe pas !

La preuve : j’ai rédigé la première monture de cet article en moins d’une demi-heure, non pas parce que j’ai été pris dans un élan d’inspiration exceptionnel (je suis habitué à ça), mais parce que :

  1. J’ai écrit au bon moment – quand les idées étaient claires, l’énergie bonne.
  2. J’ai écrit dans un environnement propice à une bonne concentration –bien installé sur un fauteuil, seul.
  3. Parce que je savais à peu près ce que j’allais écrire – j’ai préparé mon article en me posant quelques questions préparatoires : « Le syndrome de la page blanche : qu’est-ce que j’en pense ? » ; « Pourquoi n’arrive-t-on pas à écrire parfois ? » ; « Qu’est-ce que j’ai découvert et qui a réglé le problème ? » « Quels conseils puis-je donner à des gens qui font face au même problème ? ». Puis, j’ai fait mon intro, et j’ai développé point après point. Cela a était suffisant pour faire un article d’environ 2700 mots…
  4. J’ai écrit la première mouture sans pression (Ø prise de tête sur la forme) – parce que je sais comment parler (par écrit) à mon audience ; parce que j’affirme mon style, ma voix ; parce que je pars du principe que cette première mouture sera imparfaite, mais que j’aurai tout mon temps pour arranger ça plus tard.

Bien sûr, ça ne signifie pas qu’écrire est toujours une partie de plaisir. C’est beaucoup de boulot, de temps investi et d’effort intellectuel malgré tout ! Mais, au moins, je n’ai ni panne d’inspiration ni syndrome de la page blanche. Je ne connais QUE le « syndrome de la page pleine ! »

Vous le pouvez-vous aussi !

-Chris Berman.